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Témoignage client
Le Caravage au volant : une étude d'eye tracking révèle les intentions de l'artiste
Étude d'eye tracking de Scienza Nuova
Michelangelo Merisi da Caravaggio est l'un des peintres les plus influents du XVIIe siècle, et il est particulièrement connu pour ses effets de lumière spectaculaires. Le Caravage était actif à une époque où les études optiques progressaient et où les œuvres des artistes étaient créées pour être exposées dans un lieu spécifique.
Des chercheurs de Scienza Nuova en Italie ont utilisé l'eye tracking pour tester l'hypothèse selon laquelle le Caravage comprenait la manière dont nous percevons les images et qu'il tenait compte, lors de la création de ses œuvres, de la manière dont l'environnement affecterait l'expérience visuelle du spectateur. L'étude a révélé qu'en déplaçant l'œuvre d'art de son environnement d'origine, l'expérience visuelle du spectateur diminue. Ces résultats peuvent contribuer à améliorer la manière dont les œuvres d'art sont exposées dans les musées et guider les visiteurs sur la manière de regarder les éléments d'une peinture pour en tirer la meilleure expérience.
Contexte
Depuis l'Antiquité, nous nous demandons comment le cerveau humain acquiert et traite les images du monde extérieur. La psychologie cognitive explique le phénomène par la simulation incarnée : la capacité à construire une représentation du monde extérieur à laquelle nos expériences visuelles sont liées. L'acte de regarder de l'art est si complexe que les disciplines cognitives ont commencé à utiliser l'eye tracking pour observer le comportement oculaire et cérébral.
L'objectif de cette étude est d'identifier les éléments formels (ligne, forme, ton, texture, motif, couleur et composition) qui guident le spectateur à travers les œuvres du peintre afin d'appliquer les techniques de Michelangelo Merisi da Caravaggio à d'autres œuvres visuelles. L'objectif est d'accroître l'efficacité des images dans de nombreux domaines, d'améliorer l'expérience muséale et d'accroître l'appréciation des œuvres d'art.
L'interaction entre l'art et le cerveau a fait l'objet de nombreuses études, mais c'est la première fois que l'étude de ce processus est utilisée pour améliorer l'expérience des clients.
L'utilisation de l'eye tracking pour identifier un motif visuel dans les peintures du Caravage
Méthode
Un Eye Tracker ou Oculomètres portable Tobii Pro Glasses a été utilisé pour la collecte des données dans cette étude afin de faciliter une expérience visuelle naturelle pour les participants. C'est la première fois qu'une étude d'eye tracking est menée sur l'art dans son environnement naturel. Le logiciel Pro Glasses Analyzer a permis à l'équipe de superposer facilement la trajectoire du balayage visuel avec le stimulus correspondant.
L'expérience s'est déroulée en deux temps. Les données relatives à l'attention ont été recueillies auprès de participants qui regardaient les peintures du Caravage dans deux endroits différents.
L'étude initiale s'est déroulée pendant trois jours à l'église de Pio Monte della Misericordia à Naples. Le tableau de Caravage, Sette Opere di Misericordia, y est conservé dans son état original.
La deuxième phase de l'étude s'est déroulée au musée Capodimonte de Naples. C'est là qu'est exposé un autre tableau du Caravage, La Flagellazione di Cristo.
Les chercheurs ont sélectionné des participants au hasard parmi les visiteurs de l'église et du musée. Après un étalonnage individuel, ils ont été autorisés à se promener naturellement dans les lieux tout en portant des Pro Glasses pendant trois minutes.
Les mesures d'Eye tracking suivantes ont été utilisées pour l'analyse : nombre de regards, nombre de fixations, temps avant le premier regard, temps avant la première fixation, zones d'intérêt et nombre de visites.
Résultats
Au cours de la première phase, la voie visuelle des sujets a été définie. On a découvert que chaque participant concentrait son attention sur la même zone d'intérêt. En fait, les données agrégées ont permis aux chercheurs d'identifier cinq zones d'intérêt sur la base du nombre de fixations. Celles-ci ont été visualisées par le Pro Glasses Analyzer sous la forme d'une carte thermique.
Le temps de première fixation, qui correspond au moment précis où le visiteur observe activement chaque partie du tableau, indique non seulement le moment où le regard se pose sur chacune des scènes de la composition, mais aussi le moment où le visiteur entame le processus cognitif de compréhension.
Les visualisations du gazeplot de l'analyseur Pro Glasses ont confirmé que la voie visuelle des participants était répétitive, et deux schémas visuels récurrents ont été trouvés.
Dans la deuxième phase de l'étude, il n'a pas été possible de trouver une voie commune aux 22 participants à l'expérience. En fait, les chercheurs ont identifié 20 schémas différents. Pour comparer la variabilité des trajets dans les deux scènes différentes, un indice de variabilité des trajets (PVI) a été défini :
PVI = nombre de voies distinctes / nombre de sujets.
Cet indice tend vers 0 lorsqu'il y a très peu de chemins distincts (c'est-à-dire une faible variabilité avec plusieurs sujets utilisant le même chemin), et il tend vers 1 lorsque le nombre de chemins distincts augmente avec le nombre de sujets (c'est-à-dire une forte variabilité avec chaque sujet effectuant un chemin différent). Un PVI de 0,35 a été obtenu dans le premier scénario, et de 0,90 dans le second, ce qui est beaucoup plus élevé que dans le cas précédent.
Conclusion
Il existe de plus en plus de preuves que Caravage était conscient du phénomène de la perception des images, puisque les études optiques étaient populaires au XVIe siècle. Il est possible qu'il ait utilisé ces connaissances pour diriger la construction de ses peintures, de sorte que ses méthodes contrôlent encore la façon dont ses œuvres sont consommées par les spectateurs après plusieurs siècles.
L'eye tracking a permis aux chercheurs de valider cette hypothèse en observant le parcours visuel des visiteurs du Pio Monte della Misericordia, où le tableau du Caravage, Sette Opere di Misericordia, est conservé dans son état d'origine. Les données recueillies auprès d'un groupe de 40 visiteurs ont montré que les gens suivent un schéma cohérent lorsqu'ils observent cette œuvre d'art.
En revanche, aucun schéma commun n'a été trouvé parmi les visiteurs du musée de Capodimonte pour le tableau du Caravage, La Flagellazione di Cristo, qui était exposé dans des conditions physiques différentes de celles prévues à l'origine lors de la création de l'œuvre. Bien que les centres d'intérêt soient partagés par la plupart des visiteurs, l'ordre (parcours visuel) est différent pour chacun des participants.
Rédigé par
Tobii
Temps de lecture
7 min
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